C’est le féminisme actuel.
Il unit toutes les femmes du prolétariat dans une lutte
contre la bourgeoisie qui les opprime. D’où le mot « prolétarien »
qui associe ce féminisme aux travailleuses, aux mères à la maison, aux femmes
sans-emploi, migrantes, autochtones, aux étudiantes, tous ces groupes qui
forment le prolétariat au féminin.
Le féminisme prolétarien est fondé sur la constatation que,
plus que les hommes, c’est le système actuel qui est le réel oppresseur. Les
hommes prolétaires font partie de la même lutte contre le système.
À la source des abus/injustices/harcèlements/agressions que
les hommes font continuellement subir aux femmes, il y a un système qui
tolère/cautionne/encourage/justifie ces agressions.
Le féminisme prolétarien cherche à unir tous les groupes de
femmes du prolétariat, y compris les femmes autochtones, inuites et métisses,
les femmes migrantes, les femmes marginalisées par leur situation économique,
culturelle ou sociale, ainsi que toutes celles qui s’identifient comme femmes,
afin qu’elles puissent lutter collectivement, avec les hommes prolétaires,
contre la classe des exploiteurs qui nous dirige.
Il faut que les femmes prolétaires, collectivement, prennent
le pouvoir qui leur revient afin d’occuper la place qui leur revient!
Pourquoi a-t-on besoin du féminisme prolétarien
aujourd’hui?
Même si le système actuel semble tendre vers une égalité des
hommes et des femmes, une réelle égalité ne peut être atteinte sous le
capitalisme. L’oppression des femmes et
les inégalités qui les atteignent se maintient, dans les faits, par la quête du
profit éternel qui est le fondement du capitalisme. La classe des capitalistes
profite donc des femmes prolétaires tant qu’elle peut, comme elle profite d’ailleurs
des hommes prolétaires – c’est seulement qu’elle peut profiter davantage des
femmes que des hommes!
Pourquoi?
Pour la bourgeoisie qui nous dominent, les prolétaires
doivent être utilisés au maximum pour faire du profit. Les hommes et les femmes
prolétaires vendent leur force de travail en échange d’un salaire – on appelle
cela « gagner sa vie ». Mais en plus, les prolétaires doivent
reproduire leur force de travail, c’est-à-dire faire des enfants et les mener
jusqu’à l’âge adulte pour qu’ils puissent, à leur tour, vendre leur force de
travail, afin de continuer la ronde du profit qu’encaissent les capitalistes.
Or, les femmes prolétaires sont plus directement concernées
par la reproduction de la force de travail, puisqu’elles sont celles qui
enfantent et qui s’occupent le plus souvent, encore maintenant, de la
maisonnée : les enfants, le ménage, l’épicerie, la cuisine… Et cela, en
plus de vendre elles-mêmes leur force de travail, c’est-à-dire d’occuper un
emploi!
Posséder cette valeur supplémentaire aux yeux des
capitalistes n’avantage pas les femmes prolétaires, loin de là. Dans la ronde
du profit, les femmes sont doublement exploitées, par leur travail à
l’extérieur de la maison et par leur
travail dans la maison – sans compter qu’elles portent les enfants, accouchent,
allaitent.
En plus de tout cela, les anciennes valeurs patriarcales
issues du système féodal continuent à exister sous le capitalisme. Maintenant de nombreux
hommes prolétaires adoptent même l'idéologie dominante envers leur contrepartie
féminine par souci de bien paraître et de monter dans la hiérarchie sociale.
À
l’époque, les femmes et les hommes de la classe bourgeoise formaient une unité
de production pour amasser le Capital; la femme tenait maison et soutenait son
mari qui, lui, menait à bien le travail artisan ou commercial à effectuer. Le
Capital était le ciment de la famille bourgeoise. Selon Alexandra Kollontai,
les hommes et les femmes s'unissaient par nécessité et par souci matériel, peu
souvent par amour, même s’ils s'efforçaient de paraître heureux dans la plupart
des cas.
La
situation a bien changé avec la libération sexuelle, la révolution russe et les
revendications des ouvrières socialistes. Nous en voyons tous les jours les
résultats positifs dans nos vie. Mais c’est trop souvent encore le patriarcat
qui donne un sens à l'organisation de nos familles.
Il existe un féminisme bourgeois qui, dans les termes,
appuie les justes réclamations des femmes, mais dans les faits soutient les
femmes bourgeoises à l’exclusion des prolétaires. Il laisse tomber les femmes
prolétaires, y compris les femmes autochtones, inuites et métisses, les femmes
migrantes, les femmes marginalisées par leur situation économique, culturelle
ou sociale, ainsi que toutes celles qui s’identifient comme femmes et qui font
partie du prolétariat. Évidemment, puisqu’il sert les intérêts des femmes
bourgeoises…
Nous avons besoin du féminisme prolétarien pour que les
femmes prolétaires s’unissent sous la même bannière et se positionnent dans la
lutte des classes d’une manière qui corresponde à la réalité du système
capitaliste.
Quels sont les objectifs du féminisme prolétarien?
– Que
les femmes puissent s’épanouir dans un climat de confiance parmi les hommes
prolétaires, sans craindre les agressions verbales ou physiques.
– Que
les femmes soient libres de vivre en couple – ou non –, dans des relations
agréables, égalitaires et justes, où le/la partenaire qu’elles choisissent
respectent leurs besoins et font preuve de la même sensibilité et de la même
écoute qu’elles.
– Que
les femmes soient valorisées pour leur capacité d’enfanter – qu’elles
l’utilisent ou non – et qu’elles soient soutenues lors de leur grossesse et
après, au lieu que cette capacité d’enfanter les rende vulnérables socialement.
– Que
les femmes soient reconnues pour leur vision unique du monde et leur expérience
de vie particulière au lieu qu’on leur demande de correspondre à la vision et à
l’expérience de vie des hommes.
– Que
les femmes du prolétariat soient traitées avec justice et égalité par rapport
aux hommes.
– Qu’elles
prennent leur juste place dans la lutte contre le système capitaliste.
Le Front féministe prolétarien de Québec
Le 8 mars 2015